Après une adaptation en demi-teinte de Retour vers le Futur, Telltale Games s'attaque aux dinosaures de Jurassic Park. Pour le coup, et pour tenter de rendre justice à l'intensité des films, le studio décide d'injecter une large dose d'action à sa traditionnelle formule de jeux d'aventure point en click pur jus. Sur le papier, l'idée semble judicieuse, mais à l'image du parc lui-même, elle finit rapidement par partir en cacahuètes.
Avec Jurassic Park, Telltale Games bouleverse grandement ses habitudes à tous les niveaux. Non seulement le jeu n'est plus une aventure humoristique en pointer cliquer selon la grande tradition du studio, mais le titre n'est pas non plus proposé en format épisodique (sauf sur iPad). Contrairement au plan initial, Jurassic Park : The Game est bien livré en un seul morceau téléchargeable sur PC et Mac. Les joueurs nord américains peuvent aussi trouver le jeu sur le Playstation Store et en version boîte sur Xbox 360. Du coup, au lieu de découvrir un seul petit segment d'une grande aventure, nous nous retrouvons immédiatement avec l'intégralité du titre entre nos mains ; un choix plutôt malin de la part du studio puisqu'il permet d'éviter tout reproche lié à la durée de vie parfois rikiki d'un segment. Cela n'empêche pas Jurassic Park : The Game d'être bien découpé en épisodes, quatre pour être précis. En moyenne, chacun offre entre 1h30/2 h de jeu, ce qui place le compteur final aux alentours de 7 ou 8 heures, soit dans la bonne fourchette des jeux d'aventure actuels.
L'histoire nous ramène aux événements du premier film, alors que la tempête fait rage et que les dinosaures d'Isla Nublar retrouvent leur liberté. Au lieu de nous faire suivre le parcours du Dr Grant ou de quelques autres héros du long métrage, Telltale a ici l'intelligence de tisser une histoire inédite, avec de nouveaux personnages qui se retrouvent coincés sur l'île. Dans le casting, nous trouvons le vétérinaire Gerry Harding et sa fille Jessica, la mercenaire Nima venue sur Nublar pour récupérer les embryons volés par Dennis Nedry (souvenez-vous, dans le film), la scientifique Dr. Sorkin qui fera tout pour sauver les dinosaures, ainsi que Billy et Oscar l'équipe de choc envoyée par InGen pour évacuer les derniers survivants. Selon les besoins de la scène (11 scènes par épisode), le titre nous fait prendre le contrôle de l'un ou de l'autre de ces personnages.
Les séquences sont principalement de deux types : les phases d'aventure et les phases d'action. En mode aventure, le personnage se retrouve immobile dans le décor et toutes les zones dignes d'intérêt autour de lui sont directement signalées à l'écran par des points d'interrogation. Avec la souris (ou le stick suivant le support), il suffit de centrer la caméra sur la zone voulue pour que le point d'interrogation se transforme en loupe lorsqu'il y a quelque chose à examiner, ou en main lorsqu'une action particulière est à déclencher. L'icône en bas à droite permet de parler avec un autre personnage ou d'écouter les pensées de son propre héros, tandis que la croix en bas à gauche sert à se déplacer vers un autre coin de la scène. Par exemple passer du premier au second étage dans le centre d'informations des visiteurs.
Les phases d'action laissent parfois place à un peu de liberté. Tirer à gauche, à droite ou au milieu ?
Reste donc l'autre gros morceau du jeu : les séquences d'action. A ce niveau, Telltale ne s'en cache pas, le studio est allé puiser son inspiration du côté d'Heavy Rain. On se retrouve donc avec des séquences qui se déroulent toutes seules sur lesquelles apparaissent des pastilles fléchées pour indiquer sur quelle touche de direction appuyer. A l'instar des fameux Quick Time Events de Dragon's Lair, Shenmue ou autre, il faut alors user de ses meilleurs réflexes pour réagir au quart de tour et imprimer la bonne direction à l'aide des flèches du clavier (ou des boutons de la manette). Si le système a déjà fait ses preuves (et dans bien des cas, déjà atteint ses limites), il se trouve ici extrêmement mal exploité. A titre d'exemple, il faut parfois enchaîner plusieurs directions à la suite. Dans ces cas-là, la pastille est simplement entourée de deux, trois ou quatre cercles selon le nombre d'actions à suivre. Etrangement, au lieu de présenter la prochaine étape dans un autre cercle, le jeu utilise la même pastille pour afficher la direction suivante. Et puisque chaque action correctement réussie donne lieu à un effet graphique autour de ladite pastille, on se retrouve forcément avec un gros souci de lisibilité. A tout cela s'ajoute aussi des indications minuscules et un timing exagérément serré. Bien des fois, le temps de réaction accordé n'est de l'ordre que du dixième de secondes et selon la situation, la moindre erreur s'avère fatale. Oui, Jurassic Park est bien le premier jeu Telltale où il est possible de mourir. Mais pas de panique, puisque chaque mort nous ramène simplement quelques secondes en arrière, au début de la séquence manquée. Sachez cependant que vos performances sont enregistrées pour décrocher une médaille d'or, d'argent ou de bronze à chaque scène. Bien sûr, il est possible de rejouer chaque séquence pour tenter d'obtenir toutes les médailles. Généralement, seul un apprentissage par cœur permet de décrocher l'or.
Partie aventure simpliste, aspect action loupé... Jurassic Park : The Game peine donc à convaincre sur ses deux principaux tableaux. Reste alors l'enrobage qui, parfois, suffit à transporter le joueur au fil d'une histoire. Dans le cas présent, on constate encore un résultat très mitigé. D'un côté, on note bien des visages plus fins et des animations un peu plus souples et naturelles que dans les anciennes productions Telltale. Cela dit, les décors ne suivent pas du tout (aplats de textures, végétation en PLV...), les ombres sont affreuses et les bugs de collision se comptent par dizaines (les objets transportés ne touchent pas les mains, les pieds s'enfoncent dans le sol...). Autant d'éléments qui brisent l'immersion et au final, l'invitation au voyage dans le zoo jurassique ne prend pas. Pour ce qui est du son, on retrouve des thèmes familiers directement empruntés aux films. Les fans apprécieront sans doute. Les doublages anglais sont quant à eux très inégaux. Selon le personnage et la situation, on oscille entre du bon et du médiocre. Généralement correct et naturel, le jeu d'acteur perd parfois toute crédibilité lorsque le ton se retrouve complètement à côté de la plaque. A noter enfin que les sous-titres français permettront aux joueurs non anglophones de suivre le scénario en dépit de quelques maladresses dans la traduction.
Pour conclure, Jurassic Park : The Game laisse un goût plutôt amer dans la bouche. Le titre déçoit sur tous les fronts et laisse entrevoir un futur assez incertain pour les prochains jeux Telltale. Espérons donc que les équipes sauront se remettre en question et corriger les nombreux faux pas commis chez les dinosaures pour rendre justice à The Walking Dead, la prochaine adaptation en cours de production.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire